Créoles sur Scène.
Bonjour à tous !
Aujourd'hui, sur le post de la maison de couture Fil et Paillettes, un peu d'histoire sur les costumes créoles dans cet article intitulé : Créoles sur Scène.
Les costumes traditionnels créoles étaient, jusqu'au XIXème siècle, une imposition à la façon dont les femmes créoles devaient s'habiller selon leurs âge, classe sociale, les circonstances et les mœurs. Elles avaient l'interdiction de s'habiller à la façon européenne et, même, elles ne pouvaient pas porter des chapeaux. Même pour le choix des tissus il y avait une contrainte. Il fallait les distinguer visuellement.
Les filles des classes populaires portaient, jusqu'à ses 18 ou 20 ans, la robe à petit col ou "ti-collet". Cette robe modeste, qu'elles portaient tous les jours, était longue avec manches longues, froncé à la taille, avec un petit col et sans jupon.
A partir de leurs 20 ans elles s'habillaient avec la collinette qui était une robe longue ou la jupe portait une petite traîne derrière. Au dos de la jupe et du corsage, on trouvait des petits plis pour donner du volume à la jupe.
Pour les femmes adultes des milieux populaires, il y avait la jupe chemise. Cette robe est, certainement, celle qui nous vient à l'esprit quand on pense à la robe créole traditionnelle. La chemise, longue jusqu'aux chevilles, pouvait porter un grand décolleté qui laissait apparaître la naissance des seins et les épaules. Cette chemise était plus ou moins décorée selon les possibilités économiques de la propriétaire. Pour la jupe, toujours plus longue derrière et avec des plis à la taille pour le volume, on pouvait trouver un grand choix dans les tissus ( toujours très colorés! ) . Un grand jupon, visible sur le devant, venait compléter cette robe.
Pour finir, il existait la robe gaule qui était destinée aux femmes békées (femmes blanches descendantes des premiers colons) et aux bourgeoises. Cette robe, de couleur discrète, longue, ample, fluide et avec des longues manches, était portée seulement à l'intérieur de la maison.
L'interdiction du port de chapeaux est à l'origine de la grande diversité (et créativité) dans la forme de nouer le foulard pour créer des magnifiques coiffes qui avaient aussi un "message" selon la quantité de pointes révélées sur la coiffe. Une pointe sur la coiffe signifiait "femme célibataire", deux "pas célibataire mais toujours disponible", trois "femme mariée" et quatre "femme susceptible d'accueillir des amants".
Le choix des étoffes, pour les costumes et les coiffes, variait en fonction des revenus de la famille. En matières plus ou moins chères, les couleurs étaient variées en imprimées unis ou avec des fleurs, grands ramages ou, certainement le tissu qu'on associe le plus avec ce type de costumes, en madras. Du madras, et d'autre type de tissus, je vous en parlerai dans prochains articles (ceci est un vrai cliffhanger ;) )
La tradition des costumes créoles s'est perdue petit à petit après la deuxième guerre. La pénurie pour trouver des tissus, a fait même que la plupart de ces tenues, qui passaient de génération en génération, ont été dépiécées (et du coup disparues) pour habiller l'ensemble des familles plus pauvres. Heureusement, aujourd'hui existent des associations qui travaillent pour récupérer ces costumes et les traditions autour de cette culture. Il y a aussi des créateurs qui réinterprètent ces modèles et tissus pour faire des nouvelles collections inspirées du passé et adaptées au présent.
Pour les costumes de scène d'inspiration créole, c'est souvent le madras qui représente le mieux cette culture dans l'imaginaire du grand public et, du coup, c'est cet imprimé et matière qui est privilégié par-dessus des autres qui étaient également utilisés. Les formes et coupes ont été également réinterprétées pour rajouter une "touche plus séduisante" et des nouvelles matières (type l'organza et le tulle) sont employées pour la touche "visuel chic". Seulement dans peu d'occasions, la robe créole pour le spectacle, garde ses matières, formes et couleurs qui avaient été imposées aux femmes des îles des Caraïbes.
Peu de fois, une imposition donne un si beau résultat.
Bientôt d'autres publications sur Fil et Paillettes !
Montse RICO SORIANO